vendredi 11 janvier 2013

"Beaucoup pensent à vivre longtemps, peu pensent à vivre bien." Socrate


INJURES

Le sage Satyananda enseignait partout où il passait. Or un jour qu'il parlait sur la place d'un village, un homme vint l'écouter parmi la foule. L'auditeur se mit bientôt à bouillir d'envie et de rage. La sagesse de Satyananda l'exaspérait. N'y pouvant plus tenir, il hurla des insultes. Satyananda resta impassible. L'homme fulminant quitta la place.
Comme il avançait le long des rizières à larges enjambées, sa colère s'apaisa. Déjà son village grandissait au-dessus des rizières. En lui monta la conscience que la colère était née de la jalousie et qu'il avait insulté un sage. Il se sentit si mal à l'aise qu'il rebroussa chemin, décidé à présenter ses excuses au sage Satyananda.
Lorsqu'il arriva sur la place, les gens incrédules le regardaient. Les regards se croisaient, les coudes se poussaient pour attirer l'attention des voisins, un murmure suivait ses pas.
Lorsqu'il fut suffisamment près, il se prosterna, suppliant le sage de lui pardonner la violence de ses propos. Satyananda plein de compassion vint le relever.
  • Je n'ai rien à vous pardonner, je n'ai reçu ni violence, ni indécence.
  • J'ai pourtant proféré des injures et des grossièretés graves.
  • Que faites-vous si quelqu'un vous tend quelque chose dont vous n'avez pas l'usage ou que vous ne souhaitez pas saisir ?
  • Je ne tends pas la main, je ne le prends pas, bien sûr.
  • Que fait le donateur ?
  • Ma foi, que peut-il faire ? Il garde son objet.
  • C'est sans doute pourquoi vous souffrez des injures et des grossièretés que vous avez proférées. Quant à moi, rassurez-vous, je n'ai pas été accablé. Cette violence que vous donniez, il n'y avait personne pour la prendre.

Les contes sont comme des lumières pour éclairer notre chemin ...